Siddhartha – Hermann Hesse – Résumé

Hermann Hesse

PREMIERE PARTIE – SIDDHARTHA

Le fils du brahmane – Siddhartha était un beau jeune homme qui faisait la fierté de ses parents. Intelligent, il maitrisait la prononciation de la parole mystérieuse Om et savait trouver en lui l’Atman, le souffle de vie à l’unisson de l’Univers.

Siddhartha était aimé pour son caractère, son physique, sa noblesse naturelle, mais son ami Govinda l’aimait plus encore. Pourtant, il n’était pas heureux. L’enseignement des sages n’avait pas étanché sa soif de réponses : où habitait l’Atman ? N’était-il pas le créateur du monde plutôt que Prajapati ? Était-il juste de faire des sacrifices aux dieux ?…

Trois Samanas maigres et épuisés passèrent un jour dans la ville et Siddhartha décida de les suivre et d’adopter leur ascèse en quête du détachement de soi. Le soir même, Siddhartha annonça sa décision à son père qui refusa. Le jeune homme resta alors debout à l’endroit où il se trouvait. Toute la nuit. Au matin son père consentit. En rejoignant les Samanas, Siddhartha s’aperçut que Govinda le suivait.

Chez les Samanas – Siddhartha embrassa avec enthousiasme sa nouvelle vie, ne s’habillant que pour couvrir sa nudité, jeûnant, exposant son corps à la pluie et au soleil, mais il ne put se débarrasser de son moi. Quoi qu’il fît, ses désirs qu’il tentait de tuer renaissaient chaque fois.

Siddhartha confessa son échec à Govinda. Son oubli du moi était un état comparable à l’ivresse de l’alcool mais il était incapable de mourir à lui même. Comment atteindrait-il le Nirvana alors que les Samanas, beaucoup plus vieux que lui, n’y était pas parvenu ? Après trois ans passés avec eux, il décida de les quitter. 

Govinda eut vent que dans la ville de Savathi enseignait un homme parfaitement accompli, hors du cycle des résurrections. On l’appelait Gotama, le Bouddha. Govinda convainquit son ami de partir l’écouter. Quand Siddhartha annonça leur départ, le plus vieux des Samanas se mit en colère mais, par la force de son seul regard, le jeune homme l’apaisa et ils se saluèrent amicalement.

Gotama – Le lendemain de leur arrivée à Savathi, parmi les moines, les deux jeunes gens entendirent un sermon de Gotama. Govinda, séduit, décida de rester parmi les fidèles. Son ami fit le choix contraire. Avant de partir Siddhartha croisa Gotama et justifia sa décision avec un respect infini : sa doctrine sur l’unité du monde et l’enchainement logique de toutes choses était sublime ; pourtant son enseignement sur la manière de vaincre le monde, de s’en délivrer, constituait une brèche par où pénétrait quelque chose de nouveau, rompant la succession des causes et des conséquences, et contredisant la belle unité. Gotama répondit que son enseignement ne visait qu’à affranchir l’homme de la souffrance, non à satisfaire sa soif de connaissance. Malgré son admiration pour Gotama et pour la sérénité qu’il dégageait, Siddhartha était convaincu qu’aucune doctrine ne pouvait le conduire jusqu’à la délivrance du moi et à l’éveil. Il suivrait son propre chemin.

Le réveil – En quittant Savathi, Siddhartha réalisa que ce moi dont il voulait si ardemment se débarrasser lui était complètement inconnu. Convaincu qu’aucune doctrine ne pourrait le faire avancer dans cette voie, il devait être son propre élève. Interrompant sa marche, il fut pris d’un frisson : il était seul, il n’était plus brahmane, il n’était plus Samanas ni quoi que ce soit d’autre. Il comprit que ce frisson était le dernier spasme de son réveil, de sa naissance à sa nouvelle vie. Il devait poursuivre seul, lecteur du monde et de lui-même.

DEUXIÈME PARTIE – SIDDHARTHA

Kamala – Désormais convaincu que la réalité était devant ses yeux, non au delà du visible, Siddhartha admirait pour la première fois les beautés du monde, les couchers de soleils, les montagnes, les ruisseaux. Il savait depuis longtemps que son moi et l’Atman ne faisaient qu’un et qu’il était vain de le chercher avec la raison. Comme il avait su le faire avec son moi du corps, il devait cesser de nourrir son moi de la pensée pour écouter sa voix intérieure, celle-la même qui avait dit à Gotama de s’assoir sous un arbre.

Siddhartha voyageait sans destination. Un batelier lui fit traverser un fleuve et l’accueillit dans sa hutte pour la nuit, acceptant son amitié en retour.

À l’entrée de la ville, Siddhartha fut fasciné par la beauté d’une femme qui pénétrait dans une propriété sur un palanquin à quatre porteurs. Il s’agissait de Kamala, une célèbre courtisane. Par l’intermédiaire d’un serviteur il obtint une entrevue et lui demanda de l’initier à l’art d’aimer. Kamala répondit moqueuse qu’elle ne recevait que des hommes riches, bien habillés et qui lui offraient des cadeaux. Siddhartha ne s’en offusqua pas et promis de devenir un tel homme. Kamala lui demanda alors ce qu’il savait faire, et Siddhartha répondit : Je sais réfléchir, je sais attendre, je sais jeûner. Comme il savait aussi faire des poésies, il improvisa des vers si beaux que la courtisane les lui paya d’un baiser. Le lendemain, elle lui fit savoir qu’il trouverait du travail chez Kamaswami, le plus riche marchand de la ville à qui elle l’avait recommandé.

Parmi les hommes – Devant Kamaswami, Siddhartha se présenta comme quelqu’un qui avait choisi de ne rien posséder et dont les compétences se résumaient à réfléchir, attendre et jeûner. Sous le charme, Kamaswami l’embaucha et n’eut qu’à s’en féliciter. Siddhartha était habile en affaires : il écoutait, conseillait, compatissait… mais avec détachement comme si la vie ne le touchait pas. 

Il voyait souvent Kamala, pour l’amour mais aussi pour parler. Tous deux se ressemblaient, ils étaient incapables d’aimer et ils le savaient. Pourtant Kamala avoua à son amant qu’elle aimerait un enfant de lui, dans quelques années. 

Samsara – Les années passaient. Siddhartha vivait désormais dans une belle maison avec des serviteurs,  oubliant peu à peu les enseignements de son père comme ceux reçu chez les Samanas et lors se son séjour auprès de Gotama. Plus intelligent et spirituel que ceux qu’il côtoyait, il leur ressemblait pourtant chaque jour d’avantage. Aucune voix intérieur ne le guidait plus. Puis, pour se prouver son détachement vis à vis de l’argent, il se mit à jouer. Très vite, la passion le gagna et lorsqu’il perdait il voulait tout regagner, se montrant plus dur dans ces affaires et se noyant dans la luxure et l’alcool.

Un jour qu’il parlait du Bouddha avec Kamala, Siddhartha vit sur le visage de la jeune femme des traces de lassitude. Il avait quarante ans et la peur de vieillir le saisit. Après une nuit à s’enivrer en compagnie de danseuses, il décida au matin de tout quitter, de fuir le Samsara. Sa disparition surprit Kamaswami, mais pas Kamala. Elle savait que Siddhartha était resté Samana. Elle ignorait qu’elle était enceinte de lui. 

Au bord du fleuve – Siddhartha marchait dans la forêt, sans but, écoeuré par la vie qu’il quittait, prisonnier du Samsara, aspirant à l’anéantissement. Arrivé au fleuve que jadis un passeur lui avait fait traverser, prêt à se jeter dans les eaux, le mot Om résonna dans son esprit et, soudain, il prit conscience de l’erreur qu’il allait commettre. Epuisé, il s’endormit. À son réveil, il était régénéré. Son passé semblait appartenir à une vie antérieur. Face à lui un moine. Sans l’avoir reconnu, Govinda qui marchait dans la forêt avait décider de  veiller sur cet homme endormi. Les deux amis se retrouvèrent avec joie. 

Une fois seul, Siddhartha réalisa qu’il était redevenu enfant, ne sachant plus attendre, jeûner ni penser, mais il reprenait la route avec joie, fier de laisser derrière lui la recherche du plaisir des sens qui l’avait conduit si près du suicide. Sa voix intérieure lui parlait de nouveau. Il comprenait que l’orgueil né de l’abus de science et de zèle l’avait jadis  empêché de se débarrasser de son moi. Aujourd’hui, ce moi était mort. 

Il aimait ce fleuve où il avait failli mourir et lui resterait fidèle.

TROISIÈME PARTIE – SIDDHARTHA

Le passeur – Obéissant à sa voix intérieure, Siddhartha demeura près du fleuve pour reprendre la vie qu’il avait abandonnée il y a longtemps. Il retrouva Vasudeva, le passeur qui l’avait jadis fait traverser. Siddhartha lui raconta comment il fut sauvé par la parole Om au moment où il allait se jeter dans les flots. Vasudeva écouta, sans jugement, sans impatience, heureux que le fleuve eût parlé à Siddhartha.

Siddhartha apprit. Il apprit le métier de batelier. Il apprit à écouter sans jugement et sans impatience. Il apprit aussi que le temps n’existait pas, que comme le fleuve présent de sa source à son embouchure, rien ne séparait les différents moments de la vie ni les vies successives. Il savait désormais que la souffrance était inscrite dans le temps, que faire abstraction du temps c’était vaincre la souffrance. Il fit part de ses réflexions à Vasudeva. Ensemble ils écoutèrent les mille voix du fleuve et l’entendirent prononcer la parole sacrée Om.

Un jour, les pèlerins affluèrent en grand nombre pour traverser le fleuve et se rendre auprès de Gotama mourant. Avec les années, les deux passeurs étaient devenus des Sages. Parfois, Siddhartha faisait part à Vasudeva de ses réflexions mais leur sagesse, inaccessible aux voyageurs, s’exprimait surtout dans leurs silences. Pensant au Bouddha, Siddhartha savait que rien ne le séparait plus de Gotama.

Kamala, qui avait embrassé la doctrine du Bouddha et fait don de sa demeure aux moines, se rendait aussi auprès de Gotama avec son fils. Non loin du bac de Vasudeva, elle fut mordue par un serpent. Alerté par les cris de l’enfant Vasudeva la ramena à la hutte. Elle reconnut Siddhartha et sentit, heureuse malgré ses souffrances, qu’il avait trouvé la paix. Avant de mourir, Kamala présenta à Siddhartha son fils qui lui ressemblait tant et s’appelait comme lui. 

Son fils – Le fils de Siddhartha qui avait grandi à la ville, dans la richesse, détestait sa nouvelle vie et méprisait son père comme Vasudeva. Un jour, Siddhartha confessa son tourment à son ami qui lui conseilla de confier son fils à un maître, en ville, pour qu’il vive avec des jeunes de sa condition. Mais Siddhartha ne pouvait s’y résoudre, convaincu que la tendresse viendrait à bout de la froideur de son fils.

Siddhartha ressentait pour la première fois ce sentiment qui le faisait souffrir et le rendait heureux à la fois. Il était devenu un homme comme les autres, un homme capable d’aimer. Mais le jeune Siddhartha ne supportait pas que son vieux père réponde à ses méchancetés par la bonté et la douceur.

Un matin, il refusa d’aller chercher du bois et disparut tout le jour. Le lendemain matin, il s’enfuit en traversant le fleuve sur le bac. Son père et Vasudeva construisirent un radeau et gagnèrent l’autre rive. Siddhartha poursuivit seul jusqu’à l’ancienne maison de Kamala, occupée par des moines. Pendant de longues heures il resta assis là. Les images de sa vie défilaient dans son esprit et, plusieurs fois encore, il aspira à y mettre fin. Chaque fois, il fut sauvé par le Om, sacré et salvateur. La main amicale de Vasudeva se posa alors sur son épaule. Contemplant sa figure sereine et paisible, il rejoignit la hutte avec son ami.

OM – La plaie dans le coeur de Siddhartha ne s’était pas refermée. Il se sentait désormais plus proche des gens qu’il faisait traverser. Il ne jugeait plus aussi durement leurs petites aspirations vaines et déraisonnables,  il enviait les pères fiers devant leurs enfants. Comment avait-il pu croire leur être supérieur ?

Un jour, se penchant au dessus des eaux, il entendit le fleuve rire et vit dans l’onde le reflet du visage de son père. Comme son fils aujourd’hui, il avait en son temps quitté la maison familiale pour ne plus revoir ses parents. Ses tourments étaient tels qu’il éprouva le besoin de les dire à celui qui savait si bien écouter. Il ouvrit son âme à Vasudeva, n’omettant rien jusqu’au rire du fleuve. Le vieux passeur absorba cette confession comme s’il était le fleuve ou Dieu lui même. Puis, il emmena Siddhartha sur la rive pour écouter le fleuve une fois encore. Siddhartha y vit son reflet, celui de son père, celui de son fils, de Govinda, de Kamala, de ceux qui avaient partagé sa vie. Il entendit les mille voix du fleuve, certaines joyeuses, d’autres tristes, qui se mélangeaient pour constituer le Om. Le moi de Siddhartha s’était fondu dans l’Unité, dans le Tout. Vasudeva prit alors congé de son ami désormais en paix. Il avait longtemps attendu cette heure. Quittant tout, le vieux passeur s’enfonça dans la forêt, nimbé de lumière.

Govinda – Lors de ses pérégrinations, après un séjour en ville dans l’ancienne maison de Kamala, Govinda partit rendre visite à un sage dont il avait entendu parler, qui exerçait le métier de passeur sur le fleuve, non loin de là. Govinda, qui n’avait pas reconnu Siddhartha, confia au passeur qu’il cherchait le bon sentier depuis bien longtemps. Siddhartha lui répondit que poursuivre un but rendait aveugle à tout ce qui s’en écartait et ne permettait pas l’accès à la vraie connaissance. 

Quand il reconnut enfin son ami, Govinda lui demanda de lui livrer quelques conclusions de sa quête personnelle. Siddhartha lui parla alors de Vasudeva, un homme simple qui n’avait pas étudié, mais un grand sage à qui le fleuve avait tout appris. Siddhartha avait appris lui aussi. Il savait que la sagesse ne pouvait se transmettre par les mots car les paroles divisent le monde, distinguant le Samsara et le Nirvana, le péché et la sainteté… Or le temps n’étant qu’une illusion, un homme est à la fois, l’enfant et le vieillard, le pécheur d’aujourd’hui et le Bouddha à venir. Le monde contient son avenir, une pierre sera demain de la terre puis un être humain. Elle mérite donc d’être regardée et aimée comme telle. Siddhartha aimait les choses car elles faisait, comme lui, partie du monde, mais il ne pouvait aimer les mots ou les paroles qui n’étaient rien intrinsèquement. Govinda objecta que le Bouddha invitait à la bienveillance, à la compassion, à la patience mais que l’amour était pour lui un leurre équivalent à un attachement aux choses. Siddhartha n’en croyait rien. Comment celui qui avait consacré sa vie à soulager l’humanité de ses souffrances pouvait-il ne pas avoir éprouvé pour elle de l’amour. Ses actes parlaient mieux que ses paroles.

Govinda reconnu que, contrairement à lui, son ami avait trouvé la paix malgré d’étranges idées et il lui demanda de lui confier quelques vérités qu’il pourrait emporter pour ce qui lui restait à vivre.

Alors Siddhartha demanda à son ami de se pencher et d’embrasser son front. Govinda s’exécuta et, à la place du visage de Siddhartha, il vit une multitude d’autres visages, des enfants, des voleurs, des bourreaux, des amants, des poissons, des dieux, tuant, mourant, procréant… surmontés d’un masque semblable au verre formant le visage souriant et serein de Siddhartha. Le temps était aboli, le toi et le moi aussi. Lorsque le visage de son ami réapparu, Govinda fut pris d’un immense amour pour lui et il se prosterna devant l’Homme qui représentait ce qui lui apparaissait désormais le plus précieux et le plus sacré. 

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