Le festival du livre de Talloires LirOLac accueillait le 1er octobre 2022 David Foenkinos pour présenter son livre, Numéro deux, mais aussi pour parler de sa carrière et de sa vision de la littérature.
Numéro deux, de quoi s’agit-il ?
La directrice de casting du film Harry Potter raconta dans une interview qu’à la fin du processus de sélection, deux candidats avaient été retenus pour interpréter le célèbre sorcier. Daniel Radcliffe fut finalement choisi. Il avait un petit quelque chose en plus. Son concurrent passa à côté du rôle de sa vie. Son nom est resté inconnu, volontairement inconnu. Après avoir lu cette interview, David Foenkinos imagina l’histoire de ce numéro deux qu’il nomma Martin Hill. Quelle vie a-t-il bien pu avoir, avec en permanence sous les yeux des images du héros de Poudlard a qui il n’avait pas donné ses traits ? Qu’a-t-il ressenti en le voyant imprégner la culture populaire mondiale ? Quels que soient ses efforts pour détourner son regard, il ne pourrait pas vivre dans un monde sans Harry Potter.
Numéro deux est une réflexion sur la notion d’échec et de succès dont Churchill disait Le succès c’est d’aller d’échec en échec sans perdre son enthousiasme.
Comme Martin Hill, beaucoup aujourd’hui éprouvent de la jalousie envers certains de leurs semblables dont ils découvrent la vie sur les réseaux sociaux. Ils vivent ainsi sous la dictature du bonheur des autres. Harry comme Martin font leur entrée dans un monde où ils ne sont pas les bienvenus. Ils vont faire face et s’en sortir malgré tout. Martin, adolescent maltraité par sa famille et victime d’abus, va trouver la lumière et devenir Harry Potter dans la vraie vie.
La rançon de la réussite
Mais la réussite a aussi un prix. Daniel Radcliffe a perdu son anonymat en même temps que sa tranquillité. Lorsque Audrey Tautou tourna La délicatesse, elle était sans cesse sollicitée, où qu’elle aille, tout le monde l’appelait Amélie. Pour retrouver une vie plus paisible, elle a disparu des écrans depuis cinq ans bien qu’elle reçoive beaucoup de propositions et que nombreux sont ceux qui voudraient la voir revenir au cinéma.
Les numéros deux
David Foenkinos plaisante en racontant qu’il fut numéro deux de sa fratrie, mais aussi des ventes de livres du début 2022. Numéro deux fut en effet la deuxième meilleure vente derrière l’ouvrage de Michel Houellebecq.
Tous les numéros deux n’ont pas la même place dans l’histoire : le numéro deux du Tour de France est un héros alors que personne ne se souvient du numéro deux du prix Goncourt. Parfois, le numéro deux connait une popularité particulière. Chirac est ainsi devenu très populaire après avoir été un temps éclipsé par Balladur avant la présidentielle de 1995.
La part autobiographique
Beaucoup de réussites sont liées à une reconstruction après un échec. Il s’agit d’un thème récurant dans les livres de David Foenkinos, qui a découvert la littérature alors qu’il était hospitalisé pour une maladie grave à l’âge de seize ans. Cette parenthèse l’a en quelque sorte sauvé.
Les débuts
David Foenkinos commença à écrire à l’âge de 16 ans pour lui-même. Il fut ensuite édité et eut quelques lecteurs. Lors de ses premiers salons du livre on s’adressait plus souvent à lui pour demander où étaient les toilettes que pour parler de ses livres. Puis vint le succès avec La délicatesse dont l’édition de poche sortit pendant le tournage du film.
Finalement, David Foenkinos a l’impression que lorsqu’il a publié son premier roman en 2002 tout était plus joyeux et plus aisé qu’aujourd’hui pour un écrivain débutant. Avoir Gallimard pour éditeur était inespéré.
La démarche d’écriture
David Foenkinos a toujours eu à coeur de ne pas écrire deux fois le même livre. Malgré ce choix, il est touché que le public lui reste fidèle lorsqu’il écrit des romans, du théâtre ou même qu’il réalise des films. Le motivation pour l’écriture est toujours là.
L’ouvrage le plus important de sa carrière fut Charlotte. Après de premiers essais, il laissa son écriture de côté, puis chercha une forme littéraire et opta finalement pour la prose poétique. Chaque phrase comporte moins de 87 caractères pour pouvoir tenir sur une ligne dans la typographie Gallimard. David Foenkinos fut très ému que le livre, en plus de son succès, reçoive le prix Goncourt des lycéens.
L’écriture est une démarche personnelle, il n’y a pas de recette. Le seul conseil que l’on puisse donner à quelqu’un qui veut se lancer dans l’écriture est d’être curieux, de lire, de regarder des émissions idiotes à la télévision, d’écouter les récits des anciens… de se nourrir de tout.
Pour avoir lu une oeuvre de cet auteur, je me souviens de l’avoir trouvé intéressant, vraiment. Pour l’heure, j’aborde une réflexion sur la réussite ou l’échec par le biais d’un drama (série télévisée coréenne) qui me passionne : Misaeng (traduction »vie incomplète »). Cette fiction suit un groupe de jeunes gens intérimaires qui se donnent à fond pour décrocher leur CDI dans la société d’Import-export où ils ont pu entrer. Ils découvrent le caractère impitoyable de la vie de bureau. Le héros n’a que le niveau d’un bachelier mais il est jalousé par un collègue plus compétent, si l’on ne considère que ses diplômes, mais moins chanceux. Car la chance entre aussi en ligne de compte dans la bataille pour la réussite, sans parler des dons de chacun et… du népotisme.
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