Dieu, la science, les preuves, l’aube d’une révolution. Dès le titre, le décor est planté. Voilà un livre qui n’est pas écrit par des croyants mais par des sachants. La foi suppose le doute, une prise de risque, une forme de pari. Les auteurs n’ont plus la foi, ils savent, ils ont les preuves, ils nous les livrent. Dans ces conditions, rester matérialiste, comprendre athée, relève désormais de la malhonnêteté intellectuelle.
D’où nous parle-t-on ? Commentaire de lecture de Dieu, la science, les preuves
Qui sont les auteurs, Michel-Yves Bolloré et Olivier Bonnassies ? Dès la deuxième de couverture on apprend que le premier est ingénieur en informatique, maître ès sciences et docteur en gestion des affaires, qu’il a participé, avec son frère Vincent Bolloré, à la direction du groupe du même nom. Après quelques clics sur Internet nous apprenons qu’il est également membre de l’Opus Dei, société religieuse catholique qui infiltre les milieux politiques et qui s’est notamment illustrée en Espagne par sa participation à la dictature de Franco. Michel-Yves Bolloré est donc un catholique que nous pouvons qualifier de militant. Olivier Bonnassies est quant à lui polytechnicien, diplômé de l’Institut HEC start-up et de l’Institut Catholique de Paris où il a obtenu une licence de théologie. Entrepreneur, il a aussi créé plusieurs sociétés. Voilà donc deux hommes d’affaires qui vont nous prouver non seulement que Dieu existe, mais que la religion catholique, leur religion, est la seule vraie foi.
Et l’éditeur, Guy Trédaniel ? Inconnu au bataillon. Heureusement, son site Internet nous apprend que Guy Trédaniel Groupe édite des ouvrages destinés à un large public dans les domaines du bien-être, des médecines naturelles, des traditions occidentales et orientales, des arts martiaux et du développement personnel. Au sein de ce groupe, la marque éditoriale Guy Trédaniel est un pionnier et précurseur dans les médecines alternatives depuis 1974. Éditeur des plus grands noms en spiritualité, Guy Trédaniel est un frondeur dont la vocation est d’offrir à ses lecteurs des ouvrages de référence qui s’inscriront dans la mémoire collective de notre époque… Bref, un rebelle autoproclamé de l’édition qui publie des livres de référence qui ne font pas encore référence. Odile Jacob, Albin Michel, Seuil… étaient vraisemblablement trop prisonniers de la pensée mainstream pour éditer une telle fulgurance.
Point de vue général du livre – Commentaire de lecture de Dieu, la science, les preuves
Disons le d’entrée, Dieu, la science, les preuves est un livre de propagande catholique. Il n’apporte rien de nouveau sur le plan de la science ni de l’interprétation des écritures. Il ne fait que présenter les choses afin de de montrer que Dieu existe. Pas un dieu créateur qui relèverait du principe de la cause première, pas le Dieu de Spinoza. Non, le Dieu de la Bible, le Dieu personnel qui nous regarde et nous juge à chaque instant, celui de la religion catholique.
Après s’être opposée à la science, l’Église nous avait habitué à distinguer les vérités scientifiques des vérités spirituelles, à respecter le NOMA (non-overlapping magisteria), un traité de paix tacite entre scientifiques et religieux. Voici donc que nos deux auteurs changent de stratégie. Ils repartent au combat et décident d’utiliser la science pour montrer que leur religion dit vrai, convaincus d’être à L’aube d’une révolution, expression choisie comme sous titre du livre.
Les arguments scientifiques – Commentaire de lecture de Dieu, la science, les preuves
Dans une première partie du livre, les auteurs récapitulent de façon intéressante les épisodes de l’histoire des sciences. Ils insistent sur le fait que l’Univers n’existe pas de toute éternité comme on le pensait il y a 150 ans mais qu’il est né il y a un peu plus de 13 milliards d’années, lors de ce qu’il est aujourd’hui convenu d’appeler le Big Bang, et qu’il connaitra une mort thermique, le Big Chill, lorsque toute les étoiles auront brûlé leur carburant. Michel-Yves Bolloré et Olivier Bonnassies nous relatent les oppressions terribles dont ont été victimes les savants qui travaillaient sur le début de l’Univers en Union soviétique et en Allemagne nazie, puis le désintérêt dont cette théorie a fait l’objet dans l’Après guerre, jusqu’à ce qu’elle soit confirmée avec la découverte du rayonnement fossile en 1964 par Penzias et Wilson. Un chapitre important détaille le principe anthropique qui désigne la probabilité infiniment faible des réglages extrêmement précis de plusieurs constantes et paramètres de l’Univers, qui ont été indispensables à son évolution jusqu’à l’état que nous observons et à l’apparition de la vie.
Jusque-là, tout est factuel. Les connaissances scientifiques actuelles indiquent qu’il y a eu un commencement à l’Univers et qu’il devrait connaître une mort thermique.
Les auteurs considèrent ensuite que les réglages de l’Univers ne pouvant pas être dus au hasard compte tenu de leur probabilité infiniment faible, ils ont été ajustés par un dieu créateur. Pas très révolutionnaire. Trinh Xuan Thuan avait publié en 1988 La mélodie secrète dans lequel il s’étonnait de ces réglages et envisageait plausible l’existence d’un dieu horloger qui les aurait finement ajustés. Il ne concluait pas pour autant que le Nouveau Testament disait vrai. Le rapprochement entre le Big Bang et la Création divine est également un sujet classique de discussions tardives et un peu alcoolisées d’étudiants boutonneux. Souvenirs. Rien de bien nouveau donc, si ce n’est de tenter d’enrôler, de façon subliminale, les pionniers de la théorie du Big Bang victime de la sauvagerie des régimes soviétique et nazi dans les rangs des martyrs de l’Église.
En réalité, si on prend un peu de recul, on voit que rien n’a changé du tout. Depuis la foudre jusqu’aux réglages fins du Big Bang, les religions ont toujours attribué aux soins d’une divinité ce qui échappait à la compréhension humaine du moment. Cette attitude est clairement illustrée par les mots du pape Jean-Paul II à Stephen Hawking lors d’une visite de l’astrophysicien au Vatican : ce qu’il y a après le Big Bang c’est pour vous, ce qu’il y a avant c’est pour nous.
Après la création de l’Univers, les auteurs abordent l’apparition de la vie. Comment un tel saut dans l’échelle de la complexité a-t-il été possible ? Le hasard est encore un mauvais candidat, la probabilité de l’apparition de la vie sur Terre de façon accidentelle étant pour ainsi dire nulle. Là encore la réponse est la même : si on n’a aucune réponse scientifique, c’est bien la preuve que Dieu a créé la vie dans toute sa complexité.
Et pour ceux qui hésiteraient à opter pour l’hypothèse divine, les auteurs nous sortent une salve de 100 citations de scientifiques, disqualifiant le hasard dans la création de l’Univers et l’apparition de la vie sur Terre, en accréditant parfois la thèse de la Création.
Après avoir tout fait pour empêcher l’avancée de la science, l’Église ne peut plus aujourd’hui s’opposer de front aux connaissances qui ont diffusé dans la société occidentale et qui font désormais partie de la culture générale. Révolu le temps où elle faisait déclarer à Galilée : J’abjure et maudis d’un cœur sincère et d’une foi non feinte mes erreurs, les erreurs en question consistant à croire et affirmer que la terre tournait autour du soleil, lui-même immobile et au centre du monde. Refermé l’Index, ce recueil des auteurs et des livres interdits. L’Église change de stratégie pour tenter de conserver et si possible reconquérir une autorité qui lui échappe chaque jour un peu plus. Michel-Yves Bolloré et Olivier Bonnassies font leur part du travail. Le Big Bang ne peut plus être réfuté au nom d’un dogme. Alors, va pour le Big Bang, mais en l’utilisant utilement. La science ne parvient pas pour l’heure à déterminer la cause des réglages fins qui ont permis à l’Univers de devenir ce dont nous sommes les témoins ? Elle n’a aucune théorie certaine sur les modalités d’apparition de la vie ? Alors nos auteurs ont décidé d’appeler Dieu celui qui a fait advenir le Big Bang, qui en a réglé les conditions initiales et qui a créé la vie sur la Terre, en transformant les doutes, les errances et les efforts non récompensés de la sciences en preuves de l’existence de Dieu.
Les arguments religieux – Commentaire de lecture de Dieu, la science, les preuves
Après avoir conclu que l’Univers et la vie avaient eu un créateur, il restait à nos auteurs à démontrer que ce créateur était le Dieu du Nouveau Testament. Il ne s’agissait pas d’abandonner le lecteur en rase campagne au risque de le voir se tourner vers n’importe quelle religion ou, pire encore, vers quelque secte New Age aux théories farfelues. Non ! L’objectif était de le diriger vers l’Église catholique, apostolique, romaine.
Aussi, la partie du livre consacrée aux arguments religieux contient-elle un certain nombre d’interprétations a posteriori visant à montrer la vérité des récits de l’Ancien et du Nouveau Testaments. La technique utilisée n’a rien d’original. Lorsque le récit des textes saints ne correspond pas à ce que nous constatons ou contredisent les conclusions scientifiques, on essaie de les sauver en les interprétant pour en tirer des enseignements. Ainsi en est-il de la création du monde en six jours : ni le concept ni le mot de milliard n’existaient lorsque la Bible a été écrite. Le récit relate donc un Univers créé en six jour pour être compris de tous. L’homme, ancêtre des homme a été créé à partir de terre. Le récit ne fait qu’omettre la chaîne de l’évolution reliant le premier organisme vivant apparu sur terre et l’homme. Mais le choix d’interpréter un texte biblique plutôt que d’en faire une lecture littérale est une décision du lecteur. Le texte ne contient aucune indication sur la manière dont il doit être lu. Il y a encore quelques dizaines d’années, avant que la science ne vienne les contredire, l’Église faisait une lecture littérale des textes de la Genèse. Des créationistes continuent dans cette voie. La lecture de nos auteurs relève ainsi d’un choix arbitraire.
Puis, voici l’atout maître, le récit du miracle de Fátima de 1917. Je ne me risquerai pas à une théorie. Il semble que personne n’ait à ce jour pu apporter d’explication certaine. Manipulation collective, mise en scène habile avec des éclairages adaptés, exploitation d’un phénomène naturel prévisible ? Aucune hypothèse ne peut semble-t-il être validée. Mais la faiblesse de ce prétendu miracle tient dans le message qu’il véhicule : la Vierge a demandé lors d’une apparition à des petits bergers analphabètes que le pape et les évêques lui consacre la Russie. Revendication surprenante qui a tout d’un épisode de la rivalité entre l’Église catholique et l’Église orthodoxe. Les auteurs affirment sans ciller que Jean-Paul II, en 1984, fut le premier pape à accéder à la demande, selon les formes prescrites par la Vierge, et que quelques années plus tard l’URSS s’effondrait. La Vierge aurait donc manifesté sa satisfaction par la disparition de ce régime monstrueux. Prenons l’affirmation à revers : la Vierge laissa se créer l’URSS, mourir des millions d’innocents, souffrir des centaines de millions de citoyens d’Union soviétique et de ses États satellites, simplement parce que les papes, avant Jean-Paul II, n’avaient pas mis la Russie sous sa protection dans les conditions qu’elle avait fixées. On peut à juste titre se demander comment un dieu bon et tout puissant a pu laisser faire ça. À moins qu’il ne soit pas tout puissant ; ou à moins qu’il ne soit pas bon.
Enfin, les auteurs nous invitent à une introspection pour découvrir en nous une morale se traduisant notamment par une aversion pour certains actes comme le meurtre. Affirmation gratuite. Bien nourri, bien au chaud, on éprouve une aversion pour le meurtre de celui qui nous est proche, vivant dans la même société suivant les mêmes règles. Pas besoin d’une longue introspection. Mais dans certaines circonstances, en cas de légitime défense ou en cas de guerre par exemple, cette aversion disparait et laisse parfois place au sentiment de faire son devoir. Le juge comme le bourreau se sont longtemps très bien accommodé de cette prétendue aversion. En un mot, l’existence d’une aversion concernant le fait de tuer dépend des circonstances. Contrairement à ce qu’affirment les auteurs qui le balaient d’un revers de main, le darwinisme permet de comprendre en quoi certaines circonstances conduisent à l’homocide et plus généralement comment s’est bâtie la morale.
Les arguments religieux destinés à établir un lien entre le créateur de l’Univers et de la vie sur Terre au Dieu du Nouveau Testament ne sont donc pas très nouveaux ni très convaincants. Dans tous les cas, on est loin des preuves annoncées dans le titre.
La forme et les raisonnements fallacieux – Commentaire de lecture de Dieu, la science, les preuves
Impossible de ne pas parler de la technique utilisée à l’envi tout au long du livre pour faire passer les athées pour des idiots ou des gens malhonnêtes. Lorsqu’ils veulent conclure que leurs arguments sont les bons et faire taire toute contradiction, Michel-Yves Bolloré et Olivier Bonnassies énumèrent la liste de ce que doit penser un athée, qu’ils appellent un matérialiste, s’il veut être cohérent. Ils présentent ainsi les athées comme des gens obtus qui refusent les avancées de la science ou des imbéciles incapables d’une pensée cohérente. Quelques exemples :
Le point de vue matérialiste implique, pour être cohérent, de tenir pour vrai :
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l’Univers n’a pas de début et ne va pas vers sa mort thermique,
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Les réglages fins qui ont permis à l’univers d’évoluer jusqu’à l’homme ne peuvent être que le résultat de milliards de milliards d’univers, dont seul le nôtre possédait les bons réglages. Or, cette hypothèse ne repose sur rien.
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Au plan philosophique et moral, le bien et le mal n’ayant pas de caractère absolu sont tous deux démocratiquement décidables, sans limites,
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Les miracles, prophéties et révélations rapportés ne sont qu’illusions ou charlatanisme.
Difficile de lire ça sans s’étrangler. Est-ce en essayant d’enfermer l’interlocuteur dans des impasses que Michel-Yves Bolloré et Olivier Bonnassies envisagent le dialogue ? Mais non ! Celui qui sait, celui qui a des preuves irréfutables ne dialogue pas. Il dit le vrai.
Prenons néanmoins la peine de répondre point par point :
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l’athéisme ne nie absolument pas que l’Univers a eu un début ni qu’il aura une mort thermique. Il affirme simplement que ni le Big Bang, ni le Big Chill ne prouvent l’existence de Dieu, en particulier celui du Nouveau Testament,
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l’athéisme ne se fonde pas sur la théorie du multivers pour éluder les réglages fins de l’Univers. Certains athées peuvent accréditer cette hypothèse, d’autres pas. Un athée considère le principe anthropique comme une énigme que la science pourra peut-être résoudre un jour, mais il refuse qu’une autorité religieuse tente de se l’approprier pour le faire s’agenouiller,
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l’athéisme défendrait que le bien et le mal sont décidables démocratiquement sans aucune limite. Si, comme l’affirment les auteurs, nous sommes à l’aube d’une révolution, ils n’hésitent pourtant pas à reprendre un bon vieil argument des religieux : les athées sont amoraux, en le modernisant un peu : tout athée cohérent doit penser que le bien et le mal n’ayant pas de caractère absolu sont tous deux démocratiquement décidables, sans limites. Encore une allégation fallacieuse sans le moindre fondement. La plupart des athées ont des valeurs morales, à tel point qu’elles les conduisent à considérer légitime, indispensable même, de questionner les morales établies et la morale religieuse en particulier. Quelques exemples de questionnements, en vrac : une guerre peut-elle être sainte ? Quelle est la place des hommes et des femmes dans la société ? La peine de mort, peut-elle se justifier ? Maltraiter les animaux pour en tirer profit est-il légitime ? Est-il juste d’imposer ses idées ou ses croyances par la force ? La monarchie est-elle de droit divin et le roi tient-il sa légitimité et son pouvoir de Dieu ? … La réponses à ces questions conduisent les athées, lorsqu’ils ont la chance de vivre dans un État de droit, à engager un processus démocratique pour faire voter des lois. Mais ce processus, du questionnement initial jusqu’à la loi, résulte de valeurs morales. Les athées s’étonnent aussi de l’alliance du sabre et du goupillon. Ils se désolent de voir certains des plus éminents représentants religieux, se prévalant d’une morale irréprochable, être plus que complaisants avec des dictateurs et des va-t-en-guerre de tout poil. Ils en concluent que Dostoïevski avait tort et que tout est permis à celui qui prétend agir au nom de Dieu.
Je ne peux m’empêcher de citer ici Tonton Georges, héraut de l’athéisme, concluant sa chanson Le Mécréant par ces vers : Je n’ai jamais tué, Jamais violé non plus, Y a déjà quelques temps que je ne vole plus, Si l’Éternel existe, En fin de compte il voit, Qu’je m’conduit guère plus mal que si j’avais la foi.
Enfin, nos auteurs passent à côté des questions essentielles : qu’est-ce qu’une morale et à quoi sert-elle ? Ils n’envisagent pas la réponse darwiniste pourtant fort pertinente : une morale, souvent sous-tendue par une religion, est un ensemble de règles de fonctionnement, sécrétées par une société pour permettre sa survie et son renforcement. Elle se forge au cours des siècles et évolue en fonction des situations, des opportunités et des menaces. Si, face à un obstacle majeur, elle se révèle inadaptée, la société disparait et ses valeurs avec elle. Une morale ne tient sa légitimité que d’avoir permis le développement et la pérennité d’une société. Une morale n’est donc ni démocratiquement décidable ni donnée aux hommes par un dieu créateur.
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La seule affirmation sensée de la liste est que les athées pensent que les miracles, les prophéties et les révélations ne sont qu’illusions ou charlatanisme, disons même des foutaises.
La technique employée par nos auteurs, grossière et intellectuellement malhonnête, est mise au service d’une pensée étriquée. Ils se gardent bien d’envisager que la science pourra apporter un jour des réponses aux questions d’aujourd’hui. Ils refusent aussi d’envisager la possibilité que notre entendement limité de chasseur cueilleur, utilisé depuis peu pour l’abstraction, ne peut accéder aux règles complexes qui régissent l’Univers et affirment contre toute évidence que les athées sont dépourvus de morale.
Conclusion – Commentaire de lecture de Dieu, la science, les preuves
Le principal intérêt du livre est de présenter des énigmes que la science n’est pour l’heure pas capable de résoudre : il est absolument vertigineux d’essayer de concevoir le Big Bang qui s’est produit il y a un peu plus de 13 milliards d’années, ou la mort thermique de l’Univers, quand tout sera éteint pour l’éternité et qu’il ne pourra plus rien se passer. Il est inconcevable pour nos esprits que le temps ait été créé lors du Big Bang. Enfin, l’apparition de la vie reste un grand mystère.
Les questions sont on ne peut plus pertinentes. Mais Michel-Yves Bolloré et Olivier Bonnassies font ce que les religieux savent faire le mieux : délivrer un message simple et rassurant en discréditant à bon compte leurs contradicteurs. Ils annoncent en titre que nous serions à l’aube d’une révolution. Si révolution il y a, elle consiste dans un changement de regard de l’Église sur la science, non l’inverse.
Les auteurs ont fondé l’hypothèse d’une création divine sur le fait que la probabilité de notre présence sur Terre est infime. Mais que font-ils pendant 500 pages ? Ils défendent la religion dominante du pays dans lequel ils sont nés. Ils affirment que le catholicisme est la seule vraie religion. Ils auraient pu naître animistes, bouddhistes, musulmans, protestants, orthodoxes, dans une société crée par une secte ou dominée par une religion traditionnelle ou un culte du Cargo. Non, ils sont nés catholiques. Quelle chance ! La probabilité était si faible qu’ils naquissent à la bonne place au bon moment.
Il parait important de préciser ici que l’ensemble de ces arguments ne visent en aucun cas à éluder ou réduire la portée des questions scientifiques fondamentales de notre époque. Saurons nous un jour comment ont été réglés finement les paramètres de notre Univers ? Les conditions dans lesquelles est apparue la vie sur Terre seront-elles accessibles à notre entendement ? Saurons nous enfin répondre à la question qui me parait être la plus fondamentale de toute : Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? En attendant, nous pouvons admirer le ciel étoilé et nous émerveiller de la façon dont la vie trouve son chemin des banquises les plus glacées aux déserts les plus arides. Pourquoi cette émotion éprouvée par l’expérience des limites de notre entendement devrait-elle nous conduire à rendre les armes, à nous agenouiller, à croire à des histoires à dormir debout et à obéir à ceux qui n’ont d’autres réponses à nos questions fondamentales que de les appeler Dieu ?
Lors d’un entretien sur France Culture, Hubert Reeves renvoie dos à dos l’hypothèse du pur hasard et celle du Grand Architecte. Il considère que l’une comme l’autre sont des solutions de facilité. Pour lui, si le but de l’Univers demeurera certainement inaccessible à notre entendement, Jean-Sébastien Bach ne peut pas être le fruit du pur hasard, parce que Bach c’est très structuré, c’est très beau.
[…] Lien vers le commentaire de lecture […]
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