Au XVII^e siècle, la modernité protestante de l’Angleterre et des Provinces-Unies, se fondait sur l’imprimerie, le commerce et une vertu de façade cachant une immense cupidité et des inégalités de conditions. La France catholique lui répondit par la monarchie absolue et l’État centralisé.

Le Cardinal de Richelieu, homme d’Église et d’État, n’eut de cesse de vouloir rétablir l’unité du royaume mise à mal par l’Édit de Nantes. Il combattit non la foi protestante mais la faction huguenote qui voulait convertir la France. L’épisode emblématique de ce combat fut le siège de La Rochelle. Cette ville, principale place forte accordée aux huguenots par l’Édit de Nantes, était devenue un État dans l’État : on y levait des impôts, constituait des milices et construisait des fortifications sans l’assentiment du roi. Richelieu, qui distinguait morale privée, respectueuse des principes religieux, et morale publique, guidée par les réalités, ne pouvait le tolérer. Il imposa un siège terrible au cours duquel la marine française mit en pièce l’armada anglaise venue sauver les huguenots affamés. A sa levée, La Rochelle ne comptait plus que 5400 survivants sur ses 28 000 habitants.

Louis XIV révoquerait l’Édit de Nantes et de nombreux huguenots fuiraient les persécutions en Angleterre, en Prusse et aux Pays Bas. Ils emporteraient leur savoir-faire et leur éthique du travail. L’Édit avait divisé le royaume, son abrogation le priva de nombreux talents.

La chute de La Rochelle marqua la fin des guerres de religions. La France n’était plus une nation féodale. Forte de son prestige, elle croyait avoir imposé à l’Europe son hégémonie militaire, politique et culturelle. Mais, la domination des mers donnerait au protestantisme anglais sa revanche sur le catholicisme continental.

Destin Français – Eric Zemmour