L’oubli a sauvé Bossuet de la détestation de nos contemporains. Attaché à la monarchie absolue, à l’obéissance à l’autorité, à la primauté de l’homme sur la femme, à la parole de l’Église catholique contre l’Islam et contre le protestantisme, l’évêque de Meaux est tout ce que notre époque abhorre. Depuis Voltaire et Montesquieu l’esprit français est fasciné par le régime parlementaire anglais. Pourtant, les hommes providentiels qui ont sauvé la France, Napoléon, Clémenceau ou De Gaulle, se sont tous tournés vers Bossuet pour louer l’unité du pays derrière son chef.

La pensée de Bossuet est irriguée de philosophie et d’histoire antique, juive, grecque et romaine. Il y puisa la justification d’une monarchie absolue mais respectueuse des droits naturels de l’homme en tant que créature de Dieu, paternaliste mais en aucun cas arbitraire. Nul besoin pour lui de séparation des pouvoirs ni de contre-pouvoirs. C’est la crainte de Dieu et le salut de son âme qui guident le monarque dans ses décisions. Homme d’Église, il ne manque pas de rappeler à Louis XIV les méfaits de la soif de gloire qui s’oppose à la foi.

La monarchie absolue et héréditaire permit à notre pays de rester uni et de ne pas connaître le sort de la Pologne, cette nation féodale dont le roi, élu par une noblesse puissante en proie à des guerres intestines, ne disposa pas du pouvoir nécessaire pour résister aux appétits voraces de la Russie, de l’Autriche et de la Prusse. Les malheurs que traversa la Pologne expliquent son désir actuel d’unité ethnique, religieuse et culturel. Ignorant les leçons de l’Histoire, la France saborde son État au nom des droits de l’homme, de la liberté et de l’universalisme.

Destin Français – Eric Zemmour