Depuis quelques décennies les juges incarnent l’État de droit, compris comme synonyme de démocratie et de liberté. Ils se substituant en cela aux parlementaires et au président de la République. Ceux qui s’en réjouissent invoquent à tort Montesquieu pour qui les juges devaient être la bouche de la loi et qui mettait en garde contre la situation actuelle où le législateur écrit sous leur dictée.
L’opposition entre les juges et le pouvoir remonte à l’Ancien régime. Dans toute la France, les parlements, alors chargés de rendre la justice au nom du roi, s’opposaient régulièrement à lui en usant de leur droit de remontrance qui leur permettait de retarder la publication d’un édit tant que le roi n’avait pas pris en compte leurs observations. Louis XIV avait limité ce droit pour le rendre inopérant, mais le régent l’avait rétabli, condamnant Louis XV à l’impuissance. Le 3 mars 1766, lors de la séance dite des flagellations, Louis XV rappela fermement au parlement de Paris qu’il était le détenteur unique du pouvoir qu’il déléguait comme il l’entendait. En décembre 1770, Maupeou, le garde des sceaux, ordonna la dissolution du parlement de Paris et proclama la gratuité de la justice. Les juges devinrent des fonctionnaires et Maupeou l’homme le plus détesté de France. Quant à Louis XV, il fut traité de despote. Pourtant, cette réforme introduisait plus d’égalité et s’opposait à la corruption. Lorsque Louis XVI la supprima pour revenir à l’ancien système, Maupeou aurait lâché un prophétique Il est foutu. Réduit à l’impuissance le roi convoquerait les États Généraux et Robespierre limiterait à nouveau le pouvoir des juges.
Aujourd’hui, le Conseil constitutionnel, le Conseil d’État, les cours européennes limitent toujours davantage le pouvoir des parlements. Les juges inspirent les lois et les font respecter. Ils s’opposent au pouvoir politique et à la volonté du peuple au nom des droits de l’homme, au mépris de la défense des citoyens. Dans un local syndical les noms de ceux qui défendent l’ordre républicain sont épinglés sur un mur des cons.
Lors du dernier conseil des ministres qu’il présida, Mitterrand déclara aux membres du gouvernement Balladur : Méfiez-vous des juges. Ils ont tué la Monarchie, ils tueront la République.
[…] Maupeou, garde des sceaux de Louis XV qui limita le pouvoir des juges en les faisant devenir fonctionnaires et en rendant la justice gratuite. Louis XVI revint à l’ancien système, réduisant sa marge de manœuvre pour son plus grand malheur. La rivalité entre le pouvoir et les juges est une histoire sans fin. Article complet – Maupeou. […]
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