L’histoire a oublié le nom de Frère Guérin. Membre de l’ordre des Hospitaliers, chevalier de Saint-Jean-de-Jérusalem, il fut pendant près de trente ans le ministre et l’homme de confiance de Philippe Auguste. Leurs relations illustrent le soutien réciproque de la royauté et de l’Église, héritière de l’esprit d’unité universaliste de Rome.

Philippe Auguste, à l’étroit dans son royaume, put compter sur Frère Guérin pour intriguer, acheter des alliances et lui apporter des informations décisives. Le roi Philippe écrasa ainsi l’hérésie cathare, défit le roi d’Aragon à Muret en 1213 et en 1214, remporta la bataille de Bouvines, dont frère Guérin avait conçu le plan, contre l’armée de l’Empereur Otton, souverain du Saint-Empire.

La France, comme l’Empire romain dont elle est l’héritière, parvient à marier plusieurs peuples. Elle est un roi, une foi, une loi et doit être gouvernée d’une main de fer pour tuer dans l’œuf toute rivalité. Rassemblant derrière lui les Bourgeois et l’Église contre les féodaux qui l’avaient souvent trahie, Philippe Auguste posa les bases de la monarchie absolue. Le trône vacillant de Jean sans Terre orienta l’Angleterre vers une monarchie constitutionnelle. L’égalité en France, la liberté outre-manche. La rivalité pour la domination de l’Europe commençait.

Destin Français – Eric Zemmour