Pour accroitre le pouvoir du roi dans la France Féodale et ne plus être tributaire du bon vouloir de la noblesse, Philippe le Bel avait d’immenses besoins d’argent. Après avoir spolié et expulsé les Juifs et les Lombards, diminué la part d’or et d’argent dans les pièces de monnaie et créé un nouvel impôt, la maltôte, il décida de violer les privilèges ecclésiastiques en taxant l’Église. Pour contrer la manœuvre, le pape Boniface VIII publia une bulle le plaçant politiquement au-dessus des monarques. Philippe le Bel ne pouvait l’accepter, lui qui tenait directement son pouvoir de Dieu.

Il envoya son principal collaborateur, Guillaume de Nogaret, négocier et tenter d’améliorer les relations de la France avec Rome. Mais après plusieurs mois, Nogaret n’avait rien obtenu. Pire ! le pape s’apprêtait à excommunier Philippe le Bel. Le 7 septembre 1303, Nogaret accompagné de représentants de grandes familles italiennes opposées à celle du souverain pontife, escortés de soldats en armes, pénétrèrent dans la résidence d’été pontificale. Le pape les reçut, leur tint tête et une claque, ou un soufflet, aurait alors été donnée par Nogaret, ou par un noble italien de son escorte. Qu’importe, l’histoire a retenu que Nogaret avait donné une claque au pape dont le rêve de conduire une chrétienté unifiée se brisa. Boniface VIII ne s’en remit pas et mourut quelques semaines plus tard.

Au plus fort de la tension, les évêques français n’abandonnèrent pas leur roi menacé d’excommunication. Le gallicisme était né et la marche vers l’État-nation engagée.

Sept siècles plus tard, ce n’est plus l’Église mais l’Europe qui limite la souveraineté des États et la religion catholique a été remplacée par la loi du marché et des droits de l’homme. Hélas, Nogaret n’est plus là pour distribuer les claques.

Destin Français – Eric Zemmour