La postérité a retenu de François I^er la victoire de Marignan, son succès auprès des femmes, son raffinement et celui de sa cour ainsi que sa phrase après la défaite de Pavie tout est perdu fors l’honneur. Comme pour Kennedy, l’histoire populaire a oublié ses échecs et ses maladresses. Elle a oublié qu’il a manqué l’occasion de s’emparer des cités-États italiennes prospères : Gênes, Florence, Venise, qui concentraient l’ingéniosité commerciale et financière de leur temps. Elle a oublié son incompétence militaire qui conduisit au désastre de Pavie où, contrairement à Marignan, il négligea l’artillerie au profit de l’infanterie. Elle n’a pas vu que sa phrase tout est perdu fors l’honneur était passée dans l’inconscient français pour valoriser la belle défaite et faire perdre le goût de la victoire. Elle omet de raconter ses erreurs diplomatiques avec Henri VIII d’Angleterre et avec Charles Quint. Elle fait silence sur sa féroce persécution des réformés. Derrière cette histoire populaire, le bilan du règne de François I^er est terrible : une France dominée politiquement par l’Espagne, spirituellement par l’Allemagne et culturellement par l’Italie, un royaume au bord de la guerre civile.

Destin Français – Eric Zemmour